Marie Huot : Je suis la sommeilleuse
Et longues sont les nuits que je traverse
Cognant aux meubles aux rêves
D'une maison depuis longtemps fermée
De la nuit attractive je suis la sommeilleuse
Dans les rues de Budapest où j'ai marché
Des bateaux m'ont coupé la parole
J'étais venue mettre mes pas dans ceux d'une grand-mère fossile
On avait dit : venue de Bohême
Au milieu d'un siècle qui brûlait
Pouvons-nous nous contenter d'un souvenir obscur
Sédimenté dans la mémoire
Entre fougère et coquillage ?
Tout ce qui m'appartient
A des airs de gares perdues où l'on s'embrasse
Où l'on se quitte en s'arrachant
Tout ce qui m'appartient
Parle une langue orpheline
Connaîtrons-nous une fois un jour
Le goût exact de ce dont on s'est épris
Ces délicieux condiments de notre défaite ?
Nous avons chacune notre mort très enfouie, là où la peau se mêle à l'écaille et nous la sentons battre
Une mort à la mesure de ce que nous avons toujours été : danger et douceur de femmes
Une certitude qui nous arque le corps
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Marie Huot
Récits librement inspirés de ma vie d'oiseau
Editions Le temps qu'il fait
2009