Sophie Brassart : Combe
Je n'attends pas de nouveau pays
Devant moi se dresse
une montagne de feuilles sèches
Elles s'enchevêtrent autour de mes veines
Je ressemble à l'exil
Au milieu du silence
Je ressemble au bois qui ruisselle
Il contient
la route vide
Est-ce au-dessus du vide
J'attends ce qui jaillit
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Lichens & buis s'offrent
à la vue déterrant
Les morceaux de vie
Le creux ardent de la combe
Ce n'est pas toi
mais des mues de toi qui apparaissent
C'est un nid grevé de couleuvres
Qu'aucun rêve ne libère
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Au milieu de la foule ils rient
les museaux du boucher
ou les marchands de cuir jaune
ou de masques
& mon regard hurlait
Que déchire le mot vivre
Je suis allé sans bruit
Le long des rues qui ne cessent pas
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Il faut que mes cris déchirent
Les vastes jours de brume
Immobile son immobile
Le sang ne perle pas
Mes instants sont un rosier
pris dans la glace
Suave rebondit comme joue de l'enfant la cavité des mains
Se lisent les heures ensablées de vigne
Aussi la trace invisible
De ma solitude
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Sous la voûte d'orage
Ni dedans ni dehors
ne peuvent emmurer
le baiser d'un cyprès
Seulement la transparence
Des éclats de silence
taillés dans ma chair
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J'écris ces mots au coeur
d'une longue nuit ouverte
d'où surgissent
ventre sexe sable
& l'ombre de ceux qui se taisent,
comme le soir,
après avoir aimé
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Sophie Brassart, Combe.
Éditions Tarmac
Mai 2018