Carolyn Carlson : Brins d'herbe
En proie à ta manie d'accumuler
plonge cette page dans l'eau
l'encre bave le papier se dissout
ton regard se désemplit
plus rien à chercher
c'est alors que tout peut arriver
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Se souvenir
de soi-même comme d'une larme
dans l'immobilité de l'air
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Je voudrais parfois tout abandonner, être poète
seulement, affranchie du lieu et de l'espace
rien que ce pas nu...
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Mon fils repose près de moi éveillé
son regard saisi par la brume
de la neige fraîchement tombée
soleil à travers la vitre
Y a-t-il pour moi plus vaste
étendue à explorer ?
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Ce ne sont pas les diamants
de ce monde
que je garderais
mais
plutôt leur reflet
Page 27
Mémoire :
elle se tient ici dans une chambre de nostalgie
cette chambre d'intention gelée.
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Je balaie la poussière de ce que je n'ai pu te donner
les ordures s'entassent au bord de l'aube
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Carolyn Carlson
Brins d'herbe
Éditions ACTES SUD
"le souffle de l'esprit"
Mai 2011