Idea Vilariño : Ultime Anthologie
Adieu permanent
Ces jours-là
les autres
ceux des nuages les plus tristes et immobiles
odeur des chèvrefeuilles
quelque tonnerre au loin.
Ces jours-là
les autres
ceux de l'air souriant et des lointains
avec un oiseau rouge sur un fil.
Ces jours-là
les autres
cet amour déchiré par le monde
cet adieu permanent de chaque jour.
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La métamorphose
Donc je suis les pins
je suis le sable chaud
je suis une brise douce
un oiseau léger délirant dans l'air
ou bien je suis la mer qui cogne la nuit
je suis la nuit.
Dons je ne suis personne.
Page 21
On est toujours seul
mais
parfois
encore plus seul.
Page 23
Voilà
Ma fatigue
mon angoisse
ma joie
ma frayeur
mon humilité
mes nuits toutes
ma nostalgie de l'année
mille neuf cent trente
mon bon sens
ma révolte.
Mon mépris
ma cruauté et ma peine
mon abandon
mes larmes
mon tourment
mon héritage inaliénable et douloureux
ma souffrance
enfin
ma pauvre vie.
Page 25
On cherche
On cherche
toutes les nuits
avec peine
au milieu de terres lourdes et suffocantes
ce petit oiseau de lumière
qui flamboie et nous fuit
dans une plainte.
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Idea Vilariño, Ultime Anthologie
Traduction de l'espagnol (Uruguay) & postface
Éric Sarner
Éditions La Barque
2017